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Auto-évaluer son processus commercial : identifier ses forces et ses faiblesses

Rédigé par Jude MONKAM | Oct 8, 2025 6:48:19 AM

Il arrive souvent qu’un dirigeant ou un commercial sente que “quelque chose cloche” dans sa mécanique de vente. Les leads rentrent, les efforts sont là… mais les résultats stagnent. Dans ces moments-là, on cherche des solutions rapides — nouvelles campagnes, outils CRM, formation des équipes — alors qu’il faudrait parfois simplement prendre le temps d’un diagnostic honnête du processus commercial.

Cet article n’est pas une théorie. C’est un guide d’auto-évaluation, conçu pour que vous puissiez auditer, seul ou en équipe, chaque étape de votre parcours client — de l’acquisition à la fidélisation. Prenez un carnet, ou ouvrez votre CRM : on va passer à l’examen.

 

1. L’acquisition — Attirez-vous les bons leads ou du volume inutile ?

C’est souvent ici que les problèmes commencent : trop de leads, mais peu de bons. Le rôle de l’acquisition n’est pas de remplir un tableau Excel, mais d’amener des contacts réellement alignés avec votre offre.

Pourquoi cette étape est cruciale

Parce qu’une mauvaise acquisition contamine tout le reste : qualification inefficace, cycles longs, taux de conversion bas.

Auto-évaluation

Posez-vous ces questions :

  • Avons-nous clairement défini notre client idéal (ICP) ?
  • Les leads que nous générons ces 3 derniers mois correspondent-ils vraiment à cet ICP ?
  • Quels canaux apportent le meilleur rapport qualité/prix en acquisition ?
  • Connaît-on le coût d’un lead qualifié par canal ?
Si vous ne pouvez pas répondre à au moins trois de ces questions sans fouiller dans vos mails, votre acquisition manque de pilotage.
Points de vigilance
  • Trop d’actions marketing sans coordination avec les sales.
  • Des formulaires qui collectent mal les données.
  • Des bases CRM polluées par des doublons ou des contacts obsolètes.
Outils utiles

HubSpot, Pipedrive ou Zoho pour le suivi des sources de lead. Dropcontact ou Kaspr pour la mise à jour automatique des contacts.

 

2. La qualification — Comprendre avant de vendre

Beaucoup d’équipes se félicitent d’avoir “beaucoup d’opportunités” alors qu’elles ne sont que des signaux faibles. La qualification, c’est l’art de filtrer sans perdre de temps.

Pourquoi c’est important

Parce qu’un deal non qualifié coûte du temps, de la motivation, et de la crédibilité dans les prévisions.

Auto-évaluation
  • Disposez-vous d’une grille de qualification partagée (BANT, MEDDIC, ou équivalent) ?
  • Les commerciaux remplissent-ils systématiquement ces critères dans le CRM ?
  • Savez-vous dire, à tout moment, combien de prospects sont réellement “sales-ready” ?
  • Les leads non prioritaires entrent-ils dans un cycle de nurturing, ou sont-ils oubliés ?
Si chaque commercial a sa propre définition d’un “bon lead”, vous ne pilotez pas un processus : vous pilotez un ressenti.
À éviter
  • Se fier uniquement à “l’instinct terrain”.
  • Envoyer une offre sans avoir validé le besoin et la temporalité.
Outils utiles

CRM pour le scoring automatique, outils d’analyse d’appels (Gong, Avoma) pour évaluer la qualité des entretiens.

 

3. La présentation de l’offre — Transformez l’intérêt en conviction

Un prospect ne signe pas parce qu’il a compris votre produit. Il signe parce qu’il se reconnaît dans la manière dont vous résolvez son problème.

Pourquoi c’est important

La présentation de l’offre, c’est le pont entre la compréhension et la confiance. Mal calibrée, elle fait retomber la tension commerciale au moment où elle devrait culminer.

Auto-évaluation
  • Vos propositions commerciales sont-elles personnalisées par profil et par contexte ?
  • Le prospect ressort-il de l’échange avec une vision claire du ROI attendu ?
  • Avez-vous une structure standardisée pour vos présentations (cas client, valeur, prix, prochaine étape) ?
  • Mesurez-vous le taux de conversion entre offre envoyée et offre signée ?
Si vous ne suivez pas cet indicateur, vous ignorez peut-être la plus grande fuite de valeur de votre processus.
À éviter
  • Envoyer des propositions sans restitution orale.
  • Multiplier les formats et présentations sans cohérence.
Outils utiles

Pitch, Notion, ou Google Slides pour uniformiser les supports. PandaDoc ou Qwilr pour suivre les ouvertures et signatures.

 

4. Le closing — Le moment où la structure compte plus que le talent

La négociation n’est pas une bataille de prix, c’est une gestion de rythme et d’attentes. Un bon closing se prépare dès la qualification, pas à la dernière minute.

Pourquoi c’est important

Parce qu’un deal se perd rarement sur le fond, mais souvent sur le manque de suivi structuré : décisionnaire absent, délais mal anticipés, objections mal préparées.

Auto-évaluation
  • Chaque offre a-t-elle un plan de décision clair (qui, quoi, quand) ?
  • Suivez-vous le taux de slippage (deals prévus pour un mois, signés plus tard) ?
  • Vos commerciaux fixent-ils une date de suivi ferme à chaque étape ?
  • Le taux de remise a-t-il augmenté sans justification stratégique ?
Si vos deals “glissent” régulièrement d’un trimestre à l’autre, votre closing n’est pas géré : il est subi.
À éviter
  • Se précipiter sur une concession tarifaire.
  • Clôturer un deal sans validation budgétaire confirmée.
Outils utiles

CRM avec pipeline (Pipedrive, Salesforce). Gong pour analyser les moments critiques de la négociation.

 

5. L’onboarding — Le point de bascule souvent oublié

C’est la phase la plus sous-estimée. Pourtant, c’est ici que votre promesse commerciale se transforme (ou non) en expérience client réussie.

Pourquoi c’est important

Un onboarding clair et engageant sécurise la relation dès le premier jour. Il réduit le taux d’attrition et augmente la probabilité de recommandation.

Auto-évaluation
  • Existe-t-il un process standardisé d’accueil des nouveaux clients ?
  • Le client reçoit-il un planning clair des prochaines étapes ?
  • Disposez-vous d’un NPS à 30 jours post-signature ?
  • Les commerciaux participent-ils au suivi initial pour assurer la transition ?
Si vos clients posent toujours les mêmes questions après signature, votre onboarding manque de clarté.
À éviter
  • Laisser le client sans contact dédié.
  • Promettre des délais irréalistes non partagés avec l’équipe projet.
Outils utiles

Monday, Notion, Asana pour piloter les étapes. Emails automatisés d’accueil (HubSpot, ActiveCampaign).

 

6. La fidélisation — Le baromètre de votre santé commerciale

Une entreprise qui ne mesure pas la fidélisation s’épuise à reconquérir sans cesse ce qu’elle perd en silence.

Pourquoi c’est important

La fidélisation est le prolongement du closing. C’est elle qui transforme un client satisfait en ambassadeur, et un simple contrat en relation durable.

 

Auto-évaluation
  • Connaissez-vous votre taux de rétention sur 12 mois ?
  • Mesurez-vous régulièrement la satisfaction client (NPS ou feedback) ?
  • Avez-vous mis en place une routine de suivi trimestriel ?
  • Quelle part de votre croissance vient du portefeuille existant ?
Si vous n’avez pas de visibilité sur ces chiffres, vous ne pilotez pas une relation client, vous l’espérez.
À éviter
  • Se souvenir du client uniquement pour le renouvellement.
  • Laisser le Customer Success travailler isolé du service commercial.

 

Outils utiles

HubSpot Service Hub, Gainsight, Survicate. CRM + automatisation pour les enquêtes et relances.

 

Conclusion : un audit qui vaut bien plus qu’un reporting

Auto-évaluer son processus commercial, ce n’est pas cocher des cases. C’est faire un arrêt sur image sur la réalité de ses ventes : comment vos leads arrivent, comment vos équipes interagissent, où vos deals se bloquent, et pourquoi certains clients partent sans bruit.

En général, une demi-journée par étape suffit pour dresser un premier diagnostic. L’objectif n’est pas la perfection, mais la clarté : savoir où concentrer vos efforts.

Et souvent, c’est cette clarté-là — pas un nouveau logiciel, ni un nouveau pitch — qui fait redémarrer la machine.